26 septembre 2011

La ferme-château de Fenffe


(©  Farcy-Aparté)


Fenffe est un hameau de la commune de Houyet, sise en province de Namur, région où la Donation royale est fort présente. Les lieux ont appartenu successivement à la famille de Fenffe puis aux de Waha. En 1580 c’est Charles de Potyers, époux d’une baronne de Berlo, qui reprend le domaine. On lui doit sans doute la ferme-château actuelle. Une construction antérieure avait été érigée auparavant : une ferme en forme de « U » dont il ne reste que très peu d’éléments visibles à ce jour. Quant à la demeure actuelle, celle-ci est réalisée avec des briques et des pierres bleues. Le corps du logis principal de deux niveaux est protégé par un bâtiment rectiligne étendu le long de la route et agrémenté d’un portail à double ventraux. Ce bâtiment est flanqué de deux tours carrées à ses extrémités, dont celle située à gauche abrite un colombier. La demeure est entourée d'un grand parc ponctué d'étangs et de très vieux chênes.    

(©  Farcy-Aparté)


En 1784, Théodore Delvaux (1731-1822), médecin officiant à Rochefort, achète la bâtisse. En tant que seigneur de Fenffe, la famille devient alors "Delvaux de Fenffe" et s’est même vue gratifiée du titre de baron. Vers la fin du XVIIIe siècle, la bâtisse est agrandie vers la droite, le porche d'entrée est partiellement refait, et une chapelle à pars coupés est érigée, située sur le pignon de cette nouvelle façade, avec un toit en ardoise. Un autre agrandissement vers l’est cette fois-ci est effectué durant la première moitié du XIXe siècle.

Le terrain de Fenffe touchant le domaine de Ciergnon, le roi Léopold II acquiert la modeste ferme-château en 1891. Elle passera ensuite dans la manne de la Donation Royale, à l’instar des autres propriétés du roi. D'ailleurs, l’aile à rue porte une dalle, au niveau de la tour carrée située à droite, gravée « Donation royale / 1903 » sous le monogramme royal. La demeure a longtemps été délaissée par la famille royale, bien que diverses personnes des environs ont été engagées afin d’assurer son entretien et le gardiennage. Cette situation perdure jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, période à laquelle le domaine est véritablement abandonné et tombe en ruine. En 1966, un incendie se déclare et des ailes latérales sont détruites.

(©  Farcy-Aparté)
Au moment où on propose la propriété au prince Albert et à la princesse Paola, alors princes de Liége, celle-ci se trouve dans un état critique. L’incendie qui s’est déclaré fait prendre conscience qu’il est impératif de s’occuper du domaine. Des travaux importants de restauration se déroulent alors en 1967 et 1968 sous la direction de l’architecte R. Filaine. La toiture d’ardoise est refaite et la façade donnant sur la cour est réaménagée.    

« La princesse Paola supervisa les importants travaux de restauration de ce petit château de style typiquement ardennais. Le rose des murs de la bâtisse centrale et des annexes et le gris tendre des volets et des portes amplifient l’homogénéité et l’intimité de l’ensemble. Sur le côté gauche, derrière un ancien mur bas et une haie de tilleuls palissés, se cache un ample potager, que Paola a entièrement repensé avec son amie paysagiste, Arabella Lennox-Boyd. Entre la maison principale et la conciergerie, le jardin d’agrément fait face à une vue plongeante sur la rivière qui a donné son nom au lien » (Extrait de Les 70 ans de la reine Paola par Vincent Leroy, sorti aux éditions Imprimages en 2008).

Les 18 ans du prince Philippe à Fenffe, entouré de ses parents, de sa sœur la princesse Astrid et de son frère le prince Laurent (© Van Parys)

(© Van Parys)

La ferme-château de Fenffe est alors devenue la seconde résidence des princes de Liége où ils ont passés de nombreux week-end. C’est dans ce lieu, par exemple, que le 40e anniversaire de la princesse Paola en 1977 ou le 18e anniversaire du prince Philippe en 1978 ont été célébrés. Il n’était pas rare que Paola réserve dans l’une ou l’autre auberge des alentours des chambres pour ses invités. Après l’avènement du roi Albert II en 1993, le nouveau couple royal délaisse Fenffe pour Ciergnon, résidence que l'usage réserve aux souverains. La résidence est alors mise éventuellement à disposition des trois enfants du couple. Il semblerait, selon les habitants, que la princesse Astrid et le prince Lorenz venaient parfois s’y ressourcer. Le domaine n'a d'ailleurs cessé d'être surveillé par un détachement de Sécurité auprès du Palais Royal.
Suite à l'abdication du roi Albert II en juillet 2013, la presse a évoqué la possibilité que l'ancien couple royal retrouve ce lieu, même s'il a aussi été indiqué qu'une demeure avait été acquise à Villers-sur-Lesse à la demande de la reine Paola. En tout cas, des travaux ont été entrepris à la ferme-château de Fenffe.

6 commentaires:

  1. On a dit aussi que c'était à Fenffe que le prince Philippe et Mathilde d'Udekem d'Acoz se retrouvaient à l'abri des regards indiscrets durant leur idylle secrète (1996-1999). Mais désormais, quand ils veulent passer un week-end dans les Ardennes, ils séjournent au château de Losange chez la comtesse Patrick d'Udekem d'Acoz. Quant au prince Laurent et à la princesse Claire, on les voit plus à la côte belge (à Knokke-Heist précisément) que dans les Ardennes. Par contre, j'ignore si la reine Fabiola se rend encore dans les Ardennes.

    Le problème, c'est que les châteaux de Fenffe et Villers-sur-Lesse continuent d'être entretenus et surveillés alors qu'ils ne sont presque plus jamais occupés par la famille royale. Et cela creuse le déficit de la Donation Royale...

    Suggestion pour Valentin : la princesse Astrid va prochainement visiter l'ancienne Villa Royale d'Ostende qui a été transformée en centre de repos pour personnes atteintes d'un cancer. Ce serait peut-être l'occasion de montrer d'anciennes photos de la Villa Royale?

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  2. Petit Belge,
    Je ne pense pas que Villers-sur-Lesse soit encore surveillé par un détachement de sécurité (le château n'est pas repris dans la liste des résidences surveillées sur le site de la police). Mais il est vrai que la Donation Royale ne se porte pas très bien au niveau financier et qu'il serait peut-être temps de prendre des décisions à ce niveau.

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  3. Comme d'habitude un excellent sujet Valentin !

    J'aime beaucoup les reportages sur les lieux liés aux princes, ils en disent beaucoup sur eux, sur leurs goûts, sur ce qui les anime et ce qui leur plaît vraiment.

    Personnellement, j'aurais préféré un badigeon couleur sable au rose actuel des façades. Qu'en dis-tu ? :)

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  4. Merci Valentin pour cette rubrique "château"...
    je connais un peu ce beau pays, ayant eu l'occasion de le visiter (surtout comme éleveuse de chiens de berger belge et plus particulièrement de la variété dite "à poils durs"

    http://valholdenried.pagesperso-orange.fr/

    Je partage cet article avec plaisir !

    Amitiés d'alsace
    Huguette

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  5. Espérons que ce domaine ne soit pas délaissé une seconde fois, je suis très surpris que a à sa disposition autant de domaines proportionnellement à la taille de la Belgique, mais je suis aussi étonné qu'elle boude autant de petites merveilles, préférant des endroits situés hors de la Belgique.

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  6. Emue et fière j'ai découvert ce matin, en lisant l'arbre généalogique de la famille que mon nom de jeune fille Defense s'écrivait à l'origine de Fenffe.
    Le "de" indiquant la provenance du titulaire et Fenffe le nom d'un hameau dépendant de Ciergnon qui doit sa dénomination au ruisseau qui y coule. Le plus ancien document sur les Seigneurs de Fenffe date du 16 novembre 1317 lorsque Baudhuin, fils de Goffard de Fenffe, fit relief de la seigneurie. Au dépôt des archives de l'Etat à Namur, les plus anciennes mentions des "de Fenffe" ont été trouvées dans les archives des villages de Stru (hameau d'Haltinne), Namur, Rhisnes, Lives, Evrehailles, Gesves et Soye. La branche dont je descends a ses origines à Strud où Bernard Dephenf épouse Anne Josephe Bournonville en 1760.Aujourd'hui ce nom a encore évolué puisque je m'appelle Brigitte Defense...

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